L’écho silencieux de la guerre de 6 jours

Il y a des événements dans l’histoire de l’humanité qui défient toute compréhension, toute morale, toute justice. La guerre des six jours à Kisangani, qui a vu s’affronter non pas des ennemis traditionnels, mais deux nations étrangères sur le sol d’un tiers, la République Démocratique du Congo, en est un parfait exemple. Plus de vingt ans après, l’absence de justice pour les victimes de ce conflit sanglant est un scandale qui crie au ciel.

Du 5 au 10 juin 2000, Kisangani, une ville au nord-est de la RDC, fut le théâtre d’une barbarie sans nom. Les armées ougandaise et rwandaise, dans une démonstration grotesque de force et d’avidité, se sont livrées à une bataille acharnée pour le contrôle des richesses minérales de la région. Ce conflit, ironiquement nommé la “guerre des six jours”, comme pour écho à une autre guerre bien plus médiatisée au Moyen-Orient, s’est soldé par la mort d’environ 1 000 personnes et la blessure d’au moins 3 000 autres, en majorité des civils innocents.

Les conséquences de cette guerre ne se mesurent pas seulement en pertes humaines. La ville de Kisangani fut littéralement dévastée : des milliers d’obus tirés, des infrastructures vitales comme la centrale hydro-électrique de la Tshopo détruites, des maisons, des hôpitaux, des écoles réduits en cendres. Mais ce qui dépasse l’entendement, c’est la cruelle indifférence du monde extérieur face à ce désastre. Les médias internationaux, souvent si prompts à couvrir des conflits aux enjeux géopolitiques plus “intéressants”, ont brillé par leur absence, laissant les victimes de Kisangani dans un isolement accablant.

Imaginez, un instant, le calvaire des survivants : des femmes violées, des familles brisées, des enfants orphelins, des hommes et femmes mutilés à vie. Et pourtant, malgré les appels désespérés de figures comme le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, qui a réclamé justice et réparation pour ces âmes brisées, le monde reste sourd et aveugle. Pas de tribunaux internationaux convoqués, pas de sanctions contre les responsables, pas de compensations pour les victimes. Rien.

Cette inaction est une honte. Elle témoigne d’un double standard révoltant dans la gestion des crises humanitaires mondiales. Pourquoi le sang congolais serait-il moins précieux que celui versé sur d’autres terres ? Pourquoi l’avidité et la brutalité des agresseurs restent-elles impunies ? Ces questions méritent des réponses, non seulement de la part des gouvernements directement impliqués, mais aussi de la communauté internationale, qui doit prendre sa part de responsabilité dans cette tragédie.

Il est grand temps que la justice soit rendue à Kisangani. La création d’un tribunal international pour juger les crimes commis, l’érection de mémoriaux en hommage aux victimes, et des réformes profondes et significatives doivent être mises en place pour éviter que de telles horreurs ne se reproduisent. Il ne s’agit pas seulement de rendre justice, mais de reconnaître l’humanité et la dignité de ceux qui ont été foulés aux pieds par l’ambition et la cruauté sans limite.

Le silence et l’indifférence sont les complices des agresseurs. Il est temps de briser ce silence. Ne tournons pas le dos à Kisangani. Ne laissons pas cette page de l’histoire se refermer sans que justice ne soit faite. Le monde doit savoir, et agir. Car dans l’inaction et l’oubli, nous devenons tous coupables.

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